Partout en Europe, à l’instar de grandes villes pionnières telles Amsterdam ou Madrid, se prépare le déploiement de Zones à Faible Emission de carbone (ZFE appelées aussi Low Emission Zone). Actuellement à Manchester ou à Paris, et d’ici 2025 dans 35 agglomérations françaises, des mesures seront prises pour interdire ou restreindre l’accès au centre-ville aux véhicules les plus polluants. Bientôt près de la moitié de la population française sera concernée, car la restriction d’accès sera de plus en plus exigeante au fil des années.
Reconquérir l'espace urbain.
Historiquement, nos villes reposent sur un modèle éclaté issu de l'industrialisation intense des Trente Glorieuses1 : consommation de grandes quantités d'espace sur le modèle américain, division et spécialisation du territoire et grande dépendance de ce fait à l'automobile. Elles développent et mettent en œuvre de nouvelles stratégies pour relever les défis environnementaux, sociaux, sociétaux et urbanistiques. En effet, construites comme des centralités de services, l’enjeu est de réussir la transition vers une organisation polycentrique de l’espace métropolitain en conjuguant l’accès immédiat aux services et à une nature urbaine (ville du quart d’heure), l’attractivité et le développement du territoire dans une concurrence mondialisée.
L'espace urbain est une ressource rare et non renouvelable. Son aménagement cherche à encourager l'optimisation des ressources, à intégrer les diverses mobilités (marche, vélo, autopartage, covoiturage, trottinettes) qui forment ensemble un troisième mode après le mode voiture « auto-soliste » et le mode transports publics, et interconnecter ces composantes en toute sécurité. Il s'agit de ne plus subir la mobilité empirique, faisant la part belle à l'automobile, mais de repenser la mobilité urbaine vers une meilleure maîtrise des flux urbains. L'enjeu est de passer d'une mobilité subie à une mobilité choisie. Cette transition est la réelle inspiration des projets innovants de Mobility as a Service (MaaS) réussis.
L'ambition de la ville apaisée.
Aujourd'hui lieu de transit automobile, la ville cherche à redonner en premier lieu aux habitants mais aussi aux professionnels et aux touristes davantage de quiétude, une meilleure qualité de vie et une diminution des nuisances issues des pollutions atmosphérique et sonore. Place au troisième mode !
Les gaz toxiques, notamment l’oxyde d’azote (NOx) et les microparticules (y compris celles issues des pneumatiques) seraient à l’origine de morts prématurées en France estimées à 17,3% des 500.000 décès enregistrés chaque année, impactant également la santé des enfants (asthme...) et à plus long terme la sauvegarde du patrimoine. Cette démarche engagée par les métropoles mondiales devraient également avoir un impact positif sur la réduction des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Repenser la mobilité urbaine.
La ville stratège, économe de ses moyens, réaménage ses infrastructures pour davantage de partage (parkings relais, parkings d’autopartage, réseau de Bus à Haut Niveau de Service, pistes et voies cyclables, trottoirs élargis et voies piétonnes, zones de rencontre, stationnement vélos, deux roues et trottinettes…). Le déploiement des ZFE vise en réalité bien davantage que la restriction d’accès à l'espace urbain au seul véhicule polluant. Il s'agit de remodeler l'organisation de la ville par la simplification de l'accès aux services et aux infrastructures. Cela passe par l'intégration des usages en mutation et la maîtrise des flux urbains. Ainsi la ville intelligente (Smart City) optimise la consommation de son espace public. Elle respecte les rythmes de vie de ses citadins en prenant conscience de son propre pouls et recherche le rééquilibrage de son métabolisme. Les projets d'économie circulaire sont ainsi intégrés au déploiement des zones à circulation réglementée. Réussir ce changement de paradigme implique la participation et la contribution des citadins, des opérateurs de transport, de stationnement et de nouvelles mobilités partagées et actives.
Tout particulièrement en France, les pouvoirs publics détenant la compétence de l'organisation de la mobilité (AOM 2), de la politique de stationnement et détenant le pouvoir de police (commune), doivent converger vers la mise en place harmonieuse de cette mutation urbaine. Ensemble ils animent les phases de consultation et de concertation, puis dans un deuxième temps de communication et de pédagogie en phase opérationnelle.