Après un premier volet publié en août 2021 sur l'état actuel du climat, la façon dont il évolue et le rôle de l'influence humaine, le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat a publié, le 28 février dernier, la deuxième partie de son sixième rapport d’évaluation (RE6). Cette nouvelle publication, rédigée par le groupe de travail II (GT2) comprenant 270 scientifiques du monde entier, a été construit sur la base de 34000 études et porte sur les impacts, les vulnérabilités et l’adaptation à la crise climatique. Un troisième volet, consacré aux solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a été publié début avril et une synthèse est prévue pour septembre 2022.
Un nouveau rapport, de nouvelles constatations
Des impacts climatiques pires qu’initialement estimés
Le GIEC durcit son diagnostic par rapport à 2014 puisque le dernier rapport montre que les niveaux de risques passent de « élevés » à « très élevés » dans tous les RFC et à des niveaux de réchauffement global plus faibles. Cela s’ajoute aux estimations récentes selon lesquelles, d’ici 2100, le risque climatique mondial sera multiplié par deux ou quatre en cas de réchauffement mondial de 2°C et 4°C respectivement, et que chaque 0,5°C supplémentaire de réchauffement augmentera le risque climatique mondial d’un tiers.
Ainsi, les impacts climatiques sont et seront pires que ce que l’on pensait. Le changement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre anthropiques, a déjà entraîné des « effets négatifs généralisés » et causé des dégâts irréversibles à l’ensemble des sociétés et des écosystèmes, sous toutes les latitudes. C’est une des principales nouveautés du RE6, le rapport du GIEC ne portent plus uniquement sur les projections, mais aussi sur les impacts observables du changement climatique.
Aujourd’hui, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des contextes très vulnérables au changement climatique.
Il est crucial de comprendre que la vulnérabilité humaine et celle des écosystèmes sont interdépendantes et les modèles actuels de développement non durable augmentent ainsi l'exposition des écosystèmes et des populations aux aléas climatiques. En outre, il est important de noter que les impacts et les risques liés au changement climatique deviennent de plus en plus complexes et difficiles à gérer en raison de leur simultanéité potentielle et des interactions possibles. De multiples risques climatiques et non climatiques interagiront, ce qui aggravera le risque global et les risques en cascade dans les secteurs et les régions.
Enfin si des actions à court terme permettant de limiter le réchauffement climatique à près de 1,5 °C réduiraient considérablement les pertes et dommages projetés liés au changement climatique dans les systèmes humains et les écosystèmes par rapport à des niveaux de réchauffement plus élevés, cela ne suffirait pas toutefois à tous les éliminer. Au-delà de 2040, l'ampleur et le rythme du changement climatique et des risques associés dépendra fortement des mesures d'atténuation et d'adaptation prisent à court terme. Bien qu’étroitement lié au volet atténuation (c’est-à-dire à la réduction des émissions de gaz à effet de serre), il y a donc également un vrai enjeu à agir dès aujourd’hui sur le volet adaptation.