Avec ses 57 réacteurs, la France dispose du deuxième parc de production électronucléaire au monde. Ce parc a d'abord fait notre fierté nationale : indépendance énergétique, innovation technique, puissance industrielle, développement économique de la France. Puis les accidents de Three Miles Island aux USA en 1979 et surtout Tchernobyl en 1986 et Fukushima en 2011 ont rappelé que cette industrie, comme toute industrie, pouvait présenter des risques pour l'environnement et les hommes.
De la fierté industrielle à la honte nucléaire : une perception déraisonnée du risque
La perception et l'acceptabilité du risque est une notion éminemment subjective. Si monter dans sa voiture présente objectivement un risque bien plus élevé que de vivre à côté d'une centrale nucléaire, ce dernier est néanmoins jugé inacceptable par certains de nos concitoyens. De même pour ce qui est des déchets : aucune industrie n'est autant surveillée et ne traite avec autant de soin et d'anticipation ses déchets que l'industrie nucléaire. Pourtant ce point est souvent pris comme argument, respectable mais probablement pas raisonnable, pour tourner le dos au nucléaire.
Ce parc électronuclaire qui faisait notre fierté est ainsi, au fil des années, devenu honteux. Mais l'urgence climatique devrait rebattre la donne.
Le changement climatique plaide pour le nucléaire
Il faut le rappeler, car 70 % des Français sont convaincus du contraire, le nucléaire est la source d'énergie produisant l'électricité la plus décarbonée. Dans ses quatre scénarios à destination des décideurs, le GIEC considère ainsi unbe augmentation de la production d'électricité d'origine nucléaire entre +100 % et +500 % d'ici 2050 pour respecter la trajectoire 1,5 °C.
Alors, à moins de s'inscrire dans un monde décroissant et finissant, les inconvénients du nucléaire doivent être mis en balance des avantages indéniables et opportunités qu'il offre à notre planète : permettre de réduire drastiquement la consommation d'énergie fossile (charbon, gaz, pétrole) et fournir, en complément des énergies renouvelables intermittentes (éolien, photovoltaïque), une électricité décarbonée.
Côté construction, en France, le programme EPR lancé dans les années 2000 connaît les difficultés d'un prototype de réacteur qu'il faut certainement traiter avec la plus grande vigueur et rigueur. EDF a d'ailleurs récemment annoncé un plan ("Excell") pour retrouver cette excellence opérationnelle dans la construction des centrales. Mais quelles que soient ces difficultés, il serait contreproductif pour le climat et négatif pour l'économie française de tourner le dos à une filière riche en emplois qualifiés, exportatrice, porteuse d'innovation (SMR, ITER...) et capable d'apporter une électricité abondante, pilotable* et décarbonée au monde entier.
Retrouver la fierté : pour un nouveau nucléaire compétitif, sûr et répondant aux enjeux de la planète
La France a su être performante et innovante avec son programme nucléaire (illustration du fameux "on n'a pas de pétrole mais on a des idées"), elle a la capacité de le redevenir pour peu qu'elle croie en elle-même, en la capacité de ses ingénieurs, réputés parmi les meilleurs au monde, de relever le défi d'un nouveau nucléaire toujours plus sûr, compétitif et apportant une solution concrète, immédiatement disponible, pour répondre à l'enjeu universel et urgent du climat.
* Par comparaison aux énergies renouvelables intermittentes.