Dans le cadre du projet d’extension du tramway de Marseille, qui comporte 7 km d’infrastructures neuves de transport et un site de maintenance et de remisage, Egis a développé de nouvelles pratiques de collaboration et de revues techniques de projet, centrées sur la maquette numérique.
Point d’étape important dans la vie d’un projet d’ingénierie, les revues techniques sont l’occasion, pour une direction de projet, de passer au crible les différents sujets participant de la bonne intégration spatiale et fonctionnelle des éléments constitutifs du projet ou d’identifier les incohérences et les points à risque. Ces réunions sont aussi un moment privilégié pour "resynchroniser" les spécialistes autour des dernières évolutions du projet.
Il y a encore quelques mois, une maquette numérique restait difficile à appréhender pour un non-spécialiste... Pour pouvoir la consulter, il fallait être familier des outils de conception ou de visualisation 3D, disposer des logiciels à jour et savoir se repérer dans la multitude de modèles ou d’objets la constituant. De fait, à part quelques personnes qualifiées, peu d’acteurs au sein de la cellule de projet parvenaient finalement à s’approprier la maquette et son contenu, dans leur activité quotidienne.
C’est cet écueil qu’Egis a souhaité éviter sur le projet marseillais, en faisant vivre une tout autre expérience de la maquette numérique à ses équipes et à ses parties prenantes, grâce à l’utilisation d’une plateforme de collaboration BIM (solution Bimsync, de Catenda) dès le démarrage de la conception.
Tous à bord de la plateforme BIM !
Grâce à cette plateforme, il est devenu possible pour l’ensemble des acteurs — et pas seulement les spécialistes BIM — de naviguer dans la maquette du projet et de consulter son contenu, à partir d’un simple explorateur web connecté à Internet. Et pour discuter du projet, plus besoin de surligner des plans ni de s’échanger des croquis par e-mail : la plateforme est en mesure de supporter des conversations techniques centrées sur des objets ou des lieux précis de la maquette et de les gérer elle-même jusqu’à leur clôture.
Une nouvelle forme de journal des points ouverts.
Qu’est-ce que cela a changé ? En premier lieu, la maquette numérique est devenue, au fur et à mesure de sa constitution, le point de naissance (ou le prolongement) des discussions lors des revues de synthèse et de projet. La possibilité de créer des "post-it" dans la maquette, de discuter autour d’eux, de les assigner aux spécialistes concernés et de les gérer dans un tableau de bord, a remporté l’adhésion de tous les ingénieurs et architectes de l’équipe.
Au travers de la plateforme, c’est un peu comme si les revues techniques devenaient… "24 heures sur 24, 7 jours sur 7". Les modèles à jour de la maquette sont aisément consultables par tous les intervenants qui peuvent ainsi analyser leur production au regard des interfaces avec les autres lots et déposer leurs remarques en ligne.
Ainsi, près de 370 sujets ont émergé durant les études du site de maintenance et des 7 km d’infrastructures. Cette base de sujets, qui s’apparente à un journal des points ouverts techniques d’un projet, a permis de centrer nos réunions pilotées par notre responsable synthèse sur les sujets qui méritaient d’être discutés de vive voix… tout en gardant trace des décisions prises et des sujets à approfondir par la suite.
La maquette, un catalyseur de l’intelligence collective.
Par ailleurs, l’expérience marseillaise a montré qu’avec une maquette partagée, le responsable Synthèse n’était plus seul en charge d’identifier et résoudre des problèmes. L’accès pour tous à la maquette a permis de mettre à profit les expériences et points de vue de chacun, mais aussi d’actionner l’intelligence collective de l’équipe.
Enfin, les projets complexes comme celui du tram de Marseille mobilisent des spécialistes très différents, qui ne sont pas toujours du même monde. La maquette numérique ne révolutionne sans doute pas leur travail, mais elle leur sert d’« objet frontière », c’est-à-dire de support intelligible leur permettant de se comprendre plus aisément, sans effort particulier de traduction.
Une collaboration plus naturelle… mais pas automatique.
Ces 18 mois de pratique à Marseille ont montré que les dernières plateformes BIM mettaient les maquettes à la portée de tous et facilitaient la collaboration. Le chemin n’est plus très long pour que les maîtres d’ouvrage et leurs partenaires en tirent eux aussi directement avantage au quotidien.
Mais si la collaboration autour des maquettes semble naturelle, l’interopérabilité entre les différents outils métiers 3D, l’organisation des données (pas moins de 130 modèles dans notre cas !) et la gestion des flux d’informations requièrent toujours, malgré tout, une maîtrise des méthodes d’échanges BIM et un suivi rigoureux. A Marseille, sans la mobilisation d’un BIM intégrateur au sein de l’équipe, la démarche n’aurait pas été aussi probante.