Comment interviens-tu dans les projets d’Egis au Moyen-Orient ?
En tant que responsable de centre de profit au Moyen-Orient — pour les métiers de l’eau et de l’énergie, des ports, du nucléaire, de l’écologie marine (Seaboost) et, jusqu’en juin 2023, de l’environnement — j’ai pour missions d’assurer le commercial amont, la préparation des offres et la négociation des contrats pour chacune de ces activités clés. Je mobilise également nos équipes locales et veille au bon suivi des projets, à la satisfaction client et au respect de nos engagements. Mon département représente environ 120 personnes à temps plein et nous nous appuyons aussi sur les ressources des autres divisions pour délivrer les projets qui nous sont confiés. Tout cela fait que je passe une grande partie de mon temps sur le terrain, pour rencontrer les équipes, les partenaires et les clients !
Justement, toi qui es en contact permanent avec le terrain, que peux-tu nous dire sur la manière qu’à le Moyen-Orient d’aborder l’enjeu environnemental et énergétique ?
De mon point de vue, le Moyen-Orient dispose d’une conscience environnementale forte, avec une vraie volonté de bien faire et de se présenter comme LE référent mondial. C’est notamment le cas aux Emirats Arabes Unis et en Arabie Saoudite, qui s’en donnent les moyens. Avec la COP28 organisée fin novembre en UAE, l’intérêt de tous les acteurs a été encore plus poussé pour ces sujets, cette année.
Dans le cadre du projet AlUla, par exemple, qui est, le plus grand programme touristique et culturel saoudien et pour lequel Egis est un acteur clé, nous avons travaillé autour des thématiques de l’économie circulaire, avec l’optimisation des matériaux de carrière sur site et l’utilisation de terre crue locale pour la construction des bâtiments. Nous intervenons aussi désormais sur la plus grande ferme de production de corail au monde (voir encadré), développée par la King Abdulla Université of Sciences and Technologies. Ce type de projets permet vraiment de valoriser nos différentes expertises sur des projets emblématiques.
Pour répondre à tous ces sujets environnementaux, nous avons mis en place un département dédié au Moyen-Orient, qui nous permet d’avoir un fort ancrage local, proche de nos clients, et nous avons de surcroît obtenu toutes les licences et certifications nécessaires, en Arabie Saoudite comme au Qatar !
Laure, tu as remporté trois prix d’exception en 2023 : le prix “Eco-Friendly Professional of the Year” aux Middle East Sustainability Innovation Awards (août), le prix “ Women in Leadership” Award aux Smart Built Environment Forum and Awards (octobre) et le prix “Women Executive of the Year” aux Construction Innovation Awards (octobre). On peut dire que c’est ton année ! Qu’est-ce que cela fait de voir son travail autant apprécié et reconnu ? Quel regard portes-tu sur la cause des femmes dans le secteur de l'AECO (Architecture, Ingénierie, Construction, Exploitaton) ?
C’est vraiment une grande fierté d’avoir remporté coup sur coup ces trois prix, sur des thèmes qui me sont chers : l’innovation, le développement durable et l’écoconception. Pour autant, je ne les considère pas comme des récompenses personnelles, c’est le travail de toutes mes équipes qui est ici salué ! Merci à elles pour leur énergie et leur engagement sans pareils. Plus généralement, ces différents succès témoignent de la forte dynamique d’Egis au Moyen-Orient.
Concernant la cause des femmes, dans le secteur de l’architecture, de l’ingénierie et de la construction et, en particulier, au Moyen-Orient, je suis plutôt positive. Nous avons de nombreuses jeunes femmes qui sont des architectes et ingénieures brillantes au sein d’Egis et qui apportent beaucoup à l’entreprise. Mon sentiment est que les femmes sont aussi bien représentées sur ce secteur au Moyen-Orient que dans le reste du monde, avec toutefois une forte variabilité en fonction des métiers : on dénombre beaucoup plus de femmes dans les métiers de l’architecture, de l’environnement et du développement durable que dans les métiers de la supervision de travaux ou de l’exploitation, par exemple, mais ces affinités semblent somme toute assez naturelles. On peut citer le bel exemple d’Omrania, une acquisition récente du groupe Egis au Moyen-Orient, spécialisée dans les métiers de l’architecture et de l’ingénierie, avec 33 % de femmes au total (sur près de 600 personnes) et 60 % sur leur site de production à Amman, en Jordanie. Cependant, on peut regretter encore un certain manque de représentativité des femmes dans les postes de direction, le taux de femmes se raréfiant malheureusement au fur et à mesure des échelons. Mais je ne doute pas que des progrès seront faits sur ce point, au fur et à mesure que le poids des femmes s’affermira dans le secteur.