La Communauté d'Agglomération Pau Béarn Pyrénées a confié au groupement mené par Suez en partenariat avec Egis, Storengy (filiale d'ENGIE), Sogea/Vinci et Camborde Architectes, la construction d'unités de méthanisation et de méthanation et l'exploitation de l'unité de dépollution des eaux usées de Lescar. Dans le cadre de ce contrat, Egis est maître d'œuvre intégré au groupement pour les phases de conception et réalisation des travaux. Le contrat global, d'un chiffre d'affaires de 79 millions d'euros, débutera le 1er janvier 2022 pour une durée de 17 ans, avec deux années de travaux.
Vers la neutralité carbone…
La communauté d'agglomération ambitionne d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2040 et s'engage dans une démarche inédite. Elle entend favoriser la production d'énergies renouvelables et œuvre activement à l'émergence d'une filière hydrogène.
Produire des énergies vertes à partir des eaux usées
La ville veut lancer le concept de « Biofactory ». Le groupement propose de produire au total 10 ressources et énergies vertes à partir des eaux usées.
Ainsi, l'unité de dépollution des eaux usées de Lescar devient une « station de production d'énergies et de ressources ». Elle produira notamment : du biométhane, du méthane de synthèse, du Biochar (valorisable énergétiquement ou en compostage pour l'amendement agricole), de la chaleur, de l'électricité, de l'engrais azoté, de l'oxygène, de l'hydrogène vert.
Parallèlement, des procédés sobres en énergie seront mis en œuvre et l'installation de traitement des boues produira plus d'énergie qu'elle n'en consomme.
Des technologies de pointe et une 1ère mondiale pour le stockage d'électricité
Le projet s'appuie sur deux technologies qui seront mises en œuvre, pour la première fois au monde, et qui permettront d'augmenter considérablement la quantité de biométhane produit par la nouvelle unité de méthanisation :
« L'Ultra-déshydratation » par carbonisation hydrothermale divise par 4 le volume de boues d'épuration en consommant 3 à 4 fois moins d'énergie qu'un sécheur thermique conventionnel, tout en réduisant les nuisances potentielles associées au séchage. Ce procédé développé par Suez accroit sensiblement la production de biométhane et produit une nouvelle ressource matière supplémentaire, le Biochar, valorisable soit par retour à la terre, soit par combustion pour la production d'énergie.
« La méthanation catalytique » : La performance énergétique du site est accrue par la production de méthane de synthèse à partir de la méthanation du dioxyde de carbone et d'hydrogène vert (le CO2 est un gaz à effet de serre). La technologie de méthanation catalytique, réalisée pour la première fois au stade industriel, permettra de stocker de l'électricité photovoltaïque (renouvelable mais intermittente) sous forme de méthane de synthèse injecté dans les réseaux (stockable et transportable). Elle offre un panel d'avantages inédits : la transformation d'électricité photovoltaïque en hydrocarbure, le stockage d'une énergie intermittente, la production supplémentaire à terme de 4 400 MWh/an de gaz vert et un bilan carbone sans équivalent.
L'association de ces deux innovations permet à la fois de produire plus de méthane qu'avec d'autres technologies, de stocker de l'électricité photovoltaïque et de piéger du CO2. Le CO2 habituellement rejeté dans l'atmosphère est ici combiné à de l'hydrogène vert (produit par électrolyse avec de l'électricité provenant de panneaux photovoltaïques) pour produire un méthane différent, dit de synthèse.
Neutralité carbone et économie circulaire…
Les émissions produites seront réduites de 50 % par rapport à l'installation actuelle. Le bilan carbone permet d'éviter l'émission de plus de 3000 tonnes de CO2 par an et est enrichi par la production de nouvelles ressources.
Le méthane total produit par le site sera à terme de 13 GWh/an, qui pourra être injecté dans le réseau de gaz naturel de la communauté d'agglomération, soit l'énergie équivalente au chauffage de 1 200 foyers.
… pour une écologie industrielle et territoriale
L'unité de dépollution des eaux usées est également connectée avec les infrastructures du site environnemental Cap Ecologia qui comprend l'unité de valorisation énergétique des ordures ménagères de Valorbéarn, le réseau de chaleur urbain et la future centrale de production d'électricité photovoltaïque qui se développera sur le site réhabilité de l'ancien centre de stockage de déchets.
Le projet étend évolutif, il pourra répondre à de nouveaux besoins en hydrogène vert sur le territoire et alimenter en chaleur de futures installations.